La VHD est un virus spécifique au lapin européen
La maladie virale hémorragique est une maladie provoquée par un virus de la famille des Calicivirus et du genre lagovirus (RHDV : Rabbit Haemorrhagic Disease Virus). Cette famille de virus est très répandue dans le monde animal. Le virus de la VHD touche exclusivement l'espèce Oryctolagus cuniculus (c'est à dire tous les lapins européens : sauvages ou domestiques).
Les autres animaux (cochon d'inde, chat, chien, etc) et l'homme ne risquent rien si ils sont en contact avec ce virus. Ils peuvent cohabiter avec un lapin malade sans risque.
Certaines formes de gastro-entérites, chez l'homme, sont également dues à des calicivirus. Les lièvres sont touchés par un autre virus du genre lagovirus, le EBHSV (European Brown Hare Syndrom Virus).
Il se pourrait que les lapins non européens (genre Sylvilagus) soient sensibles au virus. Le lièvre pourrait être un porteur sain du virus (transmet la maladie sans la déclarer et en mourir).
Le virus est originaire de Chine, il arrive en France en 1988
Des symptômes de cette maladie ont été décrits pour la première fois en Chine en 1984. Depuis, le virus a progressivement gagné l'ouest du continent Eurasien avec les déplacements de lapins sauvages. Le virus arrive en France durant l'été 1988, par le sud du Massif vosgien. Il fait son apparition en Belgique en 1990. Il s'exporte même sur les autres continents : au Mexique et aux Etats-Unis (au printemps 2000), en Angleterre, en Afrique, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
La contamination se fait toute l'année, par contact avec le virus
Le virus est extrèmement contagieux et peut frapper toute l'année. Il se transmet par contact direct entre lapins :
* avec le lapin lui même ;
* avec ses poils, ses déjections ou ses sécrétions nasales (dans une cage, une pièce, un jardin, etc.).
et par contact indirect :
* avec les fourrages (foin, paille, etc.) ;
* avec les aliments (eau, grains, fruits ou légumes) ;
* avec du matériel (cage, ratelier, biberon, gamelle, jouet, etc) ;
* avec les insectes et petits rongeurs (qui peuvent être les vecteurs du virus) ;
* avec l'homme (qui peut transporter le virus sur ses habits, ses chaussures, ses mains, suite à un contact avec le virus lors d'une exposition, d'une caresse d'un lapin contaminé, d'une balade en nature, etc.) ;
* avec les autres animaux (les carnivores peuvent être vecteurs du virus après avoir consommé une viande infectée).
De grosses épidémies ont frappé l'Europe. Les régions les plus arides (Espagne, intérieur des terres australiennes, sud de la Nouvelle-Zélande) ont perdu beaucoup de lapins sauvages. Depuis 1991, deux grosses épidémies ont eu lieu en Suisse sur les lapins domestiques, en 1996 et 1997. Plus de 600 cas ont été enregistrés entre 1991 et 2003 (contre seulement 60 cas de myxomatose). Les cantons touchés sont surtout ceux proches de la frontière française et des grands lacs (Vaud, Fribourg et Berne). Les cas ont été recensés tout au long de l'année (un peu plus durant le 3e trimestre).
Le lapin meurt en quelques jours, sans symptômes visibles
La maladie est foudroyante : la période d'incubation est courte et dure généralement moins de 2 jours (parfois jusqu'à 5 jours). La VHD n'a pas forcément de symptômes. Le plus souvent le lapin est retrouvé mort soudainement.
La maladie est très contagieuse et tue entre 70 et 99% des lapins contaminés. Avant l'âge de 4 semaines, les lapereaux ne développent aucun signe clinique. Entre 4 et 10 semaines, les animaux commencent à devenir sensibles. À partir de 10 semaines les lapins peuvent déclarer la VHD et mourir. Les sujets les plus sensibles sont les jeunes lapins de plus de 2 mois.
Parfois on constate de la fièvre (41,5°C au lieu de 39°C), des troubles de la coordination voire une paralysie de l'arrière-train, une perte de l'appétit, de l'apathie (indifférence, peu de déplacement, abattement), des difficultés à respirer, des écoulements nasaux et oculaires, des tremblements ou du sang dans les excréments ou les yeux. Juste avant la mort l'animal s'asphyxie, il est pris de spasmes et un peu de sang coule du nez.
Le virus détruit les cellules, elles se décollent les unes des autres. Cela augmente l'activité coagulante, ce qui forme des caillots sanguins qui bouchent les artères principales (pulmonaires, hépatiques et aortiques) et forme des lésions. Le lapin meurt alors d'une hémorragie. Des prélèvements permettent de mettre en évidence le virus par immunohistologie et sérologie.
Un virus très résistant
Le virus est très résistant dans le milieu extérieur. Il reste actif plus de 3 mois à température ambiante (105 jours à 20°C) et il résiste encore plus longtemps dans un milieu froid (225 jours à 4°C) et à la congélation. Il est donc important de garder le matériel infecté (cage, gamelle, barreaux, etc) à l'écart et de le désinfecter avec un produit approprié (virucide).
Les adultes peuvent parfois résister à l'infection et survivre. Ils restent alors porteurs du virus pendant au moins 5 semaines. Durant cette période ils peuvent transmettre la maladie à d'autres lapins, il faut donc les garder à l'écart et bien se désinfecter avant de manipuler d'autres lapins. Ils sont ensuite immunisés contre la maladie et ne l'excrètent plus.